Plusieurs points de vue éclairants sur le problème de fond pour s'en libérer !
Et c'est en partageant le même diagnostic
que l'on peut, ensemble, concevoir les meilleurs remèdes !
Tout va très bien Madame la Marquise...
En cette fin d’année 2012 réjouissons-nous d’avoir des dirigeants, toutes tendances confondues qui « réforment pour redresser » en évitant soigneusement l’horreur absolue qu’est le protectionnisme qui nous ferait inéluctablement retourner « aux heures les plus sombres de notre Histoire ». Leur quasi-unanimité fait plaisir à voir et force à la réflexion. Et si le libre-échange était la solution ? Et si c’étaient eux les bons médecins ? Ils sont tous d’accord !
Tournons-nous vers la science médicale.
On peut ouvrir grand les fenêtres de la chambre d’un malade par grand froid pour vérifier que seuls les plus robustes s’en sortent. On peut aussi fermer les fenêtres et s’intéresser à la santé du malade en examinant l’air qu’il respire, la nourriture qu’il mange et tout ce qu’il boit, pour chercher ensuite à comprendre ce qui le rend malade et faire ce qu’il faut pour le guérir.
Ce qui est incompréhensible c’est d’ouvrir les fenêtres en faisant rentrer le vent glacial tout en se lamentant sur la dégradation de la santé de ce pauvre malade ! Pour arriver à cette contradiction aberrante il faut cumuler la faiblesse du malade qui se laisse faire, la crédulité de son entourage qui croit bien faire et la folie du praticien qui par bêtise, suffisance ou cynisme, fait croire que ce n’est pas contradictoire et que c’est même indispensable.
Quand le malade se sent de plus en plus faible et qu’il ne peut même plus se lever pour fermer la fenêtre, il se replie sur lui-même, remonte sa couverture, cherche à se convaincre que le praticien sait ce qu’il fait ou que l’été va arriver tout en se préparant à l’inéluctable. Il ne cherche même plus à convaincre son entourage de ne plus suivre aveuglément les conseils du praticien. Il n’a plus la force de les réveiller. Il a pourtant essayé mais on lui a envoyé les infirmiers. Sa peur se transforme en haine, haine de soi ou haine des autres, puis en désir de violence contre lui ou contre l’entourage. Il est en attente permanente de sa propre déflagration.
L’entourage lui, est inquiet. On lui a fait croire que fermer la fenêtre, c’était être agressif vis-à-vis des voisins, et que la vie en commun avec eux était bénéfique, moderne, inscrite à la fois dans le beau, le bien, le vrai, le juste, le pur et le riche. On lui a expliqué que la science ordonnait d’ouvrir les fenêtres et que les fermer s’appelait le protectionnisme et avait généré Adolf Hitler. Comme il comprend mal la logorrhée mais s’en laisse impressionner, l’entourage laisse faire le praticien tout en constatant que les voisins sont plus en train de creuser des tranchées que d’ouvrir les bras. Il se dit qu’il n’y connait rien alors que le praticien est compétent, choisi par la famille et assez crédible quand il explique l’accroissement du nombre de morts par une épidémie qu’on n’avait pas connu depuis 1929. Au fond de lui-même l’entourage n’y croit pas mais les medias le font tellement saliver sur les prochains combats entre les marrons et les gris, sur le sensationnel et le spectaculaire, qu’il fait semblant d’y croire en s’évadant dans le prochain tirage du loto et dans les vies intimes volées aux étoiles tombées du ciel. Et tant pis pour le malade. C’est vrai qu’avec une telle épidémie, on n’y pouvait pas grand-chose ! De profundis.
Mais tout cela ne pourrait exister sans le praticien, sans celui que l’on a caricaturé, un sac de riz sur l’épaule et qui a tout appris à l’Ecole Nationale d’Anesthésie. Il a appris à se faire aimer, à se faire admirer, à se faire choisir et à se faire retenir. On lui a dit qu’il avait été distingué parce qu’il savait déjà tout et qu’on allait donc simplement lui apprendre à le faire savoir. Bien sûr « plaire ou conduire, il faut choisir » mais comme il savait déjà naturellement conduire, il suffisait de lui apprendre à plaire. Il lui fallait rapidement séduire les medias pour avoir la fidélité des familles. La maladie devait être ce dont il devait parler mais en pensant clientèle. Il ne devait jamais oublier de se constituer sa clientèle familiale en se souvenant que pour les Latins famulus comme cliens voulaient dire serviteur et qu’une clientela était à Rome un ensemble de personnes soumises ou dépendantes. On lui a aussi appris que pour retenir durablement sa clientèle il fallait agir sur trois niveaux.
Le premier niveau est de fragiliser la clientèle en la séparant de sa raison pour ne la motiver que par ses besoins et ses sentiments. Tout pour le cœur et le ventre, rien pour le cerveau. Pour cela une instruction que l’on métamorphose discrètement en éducation tout en veillant à négliger toujours l’expérience et le discernement qui risqueraient d’harmoniser les patients. Faire croire qu’une accumulation de connaissances suffit à fabriquer des hommes debout est essentiel à la survie du système. Il faut retarder au maximum la confrontation au réel et garder le plus longtemps possible la future clientèle dans cette chrysalide du formatage. Il ne doit pas y avoir de service national et un accompagnement de flatteries pédolâtres est conseillé pour la réussite de cet amollissement obligatoire.
Le deuxième niveau est de se rendre indispensable par la création d’une science qui affirme qu’ouvrir les fenêtres des chambres de malades surtout quand il gèle, mène à la guérison toujours annoncée et jamais advenue. Tout le monde croit cette science car elle est fondée sur deux principes éternels : celui des médecins de Molière et celui des habits neufs de l’empereur d’Andersen. Le premier affirme : « Ossanbabdus, nequer, potarinum, quipsa, milus. Voilà justement ce qui fait que votre fille est muette ». Le second rappelle que seuls les sots ne comprennent pas. Les deux principes, une fois aussi intimement liés qu’un politique et une journaliste, font que tout le monde croit cette science dite « économique » sans doute parce qu’elle permet d’économiser le discernement.
Le troisième niveau est la pérennisation du système par le développement de la séduction et de la maîtrise déjà initiées aux niveaux précédents.
Pour la maîtrise, le corps des infirmiers est là pour inverser ce que tout parent apprend dès leur plus jeune âge à ses enfants : « Dépêche-toi ! » et « Fais attention ! ». Les infirmiers sont recrutés pour que soient punis ceux qui s’obstinent à ne pas comprendre que la vitesse est un défaut. Ils sont là aussi pour rendre inutile l’attention et la vigilance puisque du matériel est scellé (garde-fous, plots, chaînes) pour qu’il soit physiquement impossible de faire ce que les praticiens ont décrété dangereux. On ressort le lit à barreaux pour une clientèle adulte déjà inscrite comme futurs malades récalcitrants.
Pour la séduction il ne faut pas lésiner car il faut accepter de payer très cher ceux qui sont capables de faire croire que cela va aller mieux quand tout va de plus en plus mal et qui, surtout, sont capables d’expliquer quand cela va encore plus mal, que nous voyons enfin le bout du tunnel. Ils savent convaincre que le PIB, la croissance et la valeur ajoutée sont des richesses quand ce ne sont en fait que des dépenses. Ces illusionnistes du bonheur sont irremplaçables car ils arrivent à faire croire à la clientèle que c’est elle qui décide par un jeu très amusant que les praticiens appellent la démocratie. Ce jeu consiste à dépenser ce qu’il faut pour convaincre la clientèle malade de plébisciter les praticiens entre 8 heures et 20 heures un jour précis, choisi plusieurs mois à l’avance, où la clientèle devra donner son avis. Peu importe les moyens à y mettre. La difficulté est de viser juste et que l’attirance sentimentale et la satisfaction des besoins dépassent très précisément ce jour-là le rejet que la raison imposerait si on la laissait se construire et s’exprimer. Il faut évidemment être très riche pour jouer à ce jeu qui est, de fait, toujours réservé aux mêmes praticiens et à ceux qu’ils cooptent. Il faut être très riche pour augmenter le nombre des infirmiers et augmenter les rémunérations des hommes de média. Or les praticiens se voient pauvres et ne peuvent sans déplaire demander trop directement beaucoup d’argent à leur clientèle. Les hommes de média ont donc expliqué à la clientèle qu’il était important pour elle que le niveau de vie des praticiens soit assuré et que la collectivité devait s’en charger. La collectivité paye donc les praticiens pour qu’ils paient les medias qui vont expliquer que les praticiens ont tout compris.
Mais ce n’est pas suffisant et le « faire croire » est hors de prix. Les praticiens ont donc décidé de protéger coûte que coûte le système financier créateur d’argent qui seul peut donner l’argent inexistant qui permettra de faire les dépenses de plus en plus importantes mais de plus en plus indispensables à la non explosion du système. On utilisera sans vergogne les trois niveaux pour que personne ne réalise que tout sera payé au bout du compte par la dévaluation et la hausse des prix c’est à dire par les épargnants et par les consommateurs. Les praticiens bénissent cet impôt privé qui leur assure leur avenir. Les seuls à ne pas y croire sont les hommes du système financier eux-mêmes qui savent que tout ne tient que par le double esclavage dans l’espace par le libre-échange et dans le temps par le prêt à intérêt et les échéances de fin de mois à perte de vue. Ils savent le pourcentage énorme d’actifs irrécupérables non provisionnés et ils ont tellement peur de la proximité de leur propre explosion qu’ils ne se prêtent même plus entre eux. Les praticiens ont compensé le double esclavage par une journée annuelle de condamnation sans appel de l’esclavage des gentils noirs par les vilains blancs. Ils retardent l’explosion des banques en offrant en garantie la fortune de leur clientèle. Mais personne n’y croit plus… sauf ceux que nous payons à nous y faire croire.
Tout va très bien, Madame la Marquise, tout va très bien, tout va très bien. Pourtant, il faut, il faut que l'on vous dise, on déplore un tout petit rien : un incident, une bêtise…
Marc Dugois /décembre 2012 / www.surlasociete.com
Diagnostic
Ce diagnostic se divise en trois parties. D’abord une approche fondamentale de ce qu’est l’économie en anthropologie, puis les déviations qui ont abouti à l’impasse actuelle et enfin les pistes de solutions.
I L’économie en anthropologie
Tout groupe d’êtres humains a au départ une raison d’être et organise dans ce but les apports de chacun et rend complémentaires les différentes énergies individuelles. Cette organisation a été improprement appelée troc en supposant une simultanéité du don et du contre-don qui n’a jamais été systématique. Le don et le contre-don existent dès la création du groupe (couple, association ou tribu) mais ils ne sont que très rarement simultanés. L’anthropologue et professeur au Collège de France Marcel Mauss a parfaitement expliqué que le don entraînait le contre-don et que le « donner-recevoir-rendre » était au service du lien social et qu’il le nourrissait. Mauss a développé que le don et le contre-don était ce qu’il a appelé un « fait social total » à dimensions culturelle, économique, religieuse, symbolique et juridique et qu’il ne pouvait être réduit à l’une ou à l’autre de ses dimensions. Mais quand la taille du groupe devient importante, la détection des profiteurs et des tire-au-flanc devient difficile et rend obligatoire la simultanéité du contre-don. L’origine de la monnaie est cette invention du contre-don simultané. Par sa facilité d’usage la monnaie est devenue le regard que le groupe utilise pour isoler les richesses échangées contre de la monnaie dans le fatras des productions. C’est parce qu’une production trouve acheteur qu’elle est reconnue comme richesse et non comme embarras ou déchet. Toutes les fonctions de la monnaie décrites depuis l’antiquité, réserve de valeur, unité de compte et intermédiaire des échanges, découlent toutes de ce que la monnaie est l’étalon culturel de la richesse. C’est l’énergie du groupe, l’énergie sociale, quand le travail est l’énergie individuelle. La monnaie est reconnaissance par le groupe du travail individuel. Toutes les querelles autour de la monnaie viennent de la difficulté à marier la notion de richesse qui est un regard dynamique essentiel au lien social avec la notion d’étalonnage qui est arithmétique et avec la notion de culture qui est sociologique. Toutes les incompréhensions viennent de simplifications excessives et contradictoires.
II Les déviations
Le XXe siècle, sous impulsion anglo-saxonne commerçante, a fait croire que l’augmentation de la production était une augmentation de richesse, et que l’augmentation des échanges commerciaux était aussi une augmentation de richesse. Tout a été fait pour que l’on croie à ces deux erreurs, à commencer par la diffusion de l’idée que ces augmentations de richesses permettaient de moins travailler, ce qui a beaucoup plu aux peuples latins. La richesse n’étant qu’un regard, la propagande a remplacé une démonstration inexistante.
Pour faire croire que la croissance du commerce était augmentation de richesse on a additionné tous les échanges dans une zone donnée en appelant finement cette addition d’échanges « gross domestic product » servilement traduit en français par « produit intérieur brut ». En se servant à tous propos de pourcentages du PIB comme d’une ressource ou de son augmentation comme d’une victoire, on a instillé dans les esprits que le commerce était en soi une richesse et que son développement était « la » croissance, alors que le commerce n’est que l’intermédiaire qui se fait payer pour mettre en relation producteurs et consommateurs. A la méthode Coué, d’une dépense on a fait une richesse, d’un emploi on a fait une ressource. Comme cela ne marche évidemment pas on a nommé ce ratage, la crise, et on a fait de la fuite en avant en cherchant de nouveaux marchés, en inventant la concurrence, l’austérité et le nouvel esclavage dans l’espace qu’est la mondialisation.
Pour faire croire que l’augmentation de la production était augmentation de richesse on a simplement fabriqué du contre-don. Plus on fabriquait de la monnaie plus on faisait croire que les productions étaient des richesses sans que personne ne s’appauvrisse pour le reconnaitre. Depuis le début du XXe siècle, par cette inflation dans son vrai sens, on a sans arrêt dévalué toutes les monnaies par rapport à l’or. Dans les années 70 on a même cassé le thermomètre en déconnectant les monnaies de l’or et l’erreur est devenue encore moins facilement perceptible. Les monnaies, n’étant dorénavant liées ni au travail humain utile qu’étaient le don et le contre-don ni à l’or, ne sont plus limitées dans leur fabrication et elles se sont donc toutes totalement dévaluées. Aujourd’hui les monnaies ne valent plus rien. Il n’y a que les peuples qui ne le savent pas. On a oublié que la monnaie n’était une énergie que parce qu’elle était contre-don d’un travail utile. Elle était et n’est plus stockage de travail humain. Pour retarder cette prise de conscience on a remplacé la coopération par la concurrence et seul le désir de ne pas mourir le premier empêche une flambée générale des prix. Pour que la fausse monnaie soit utilisée et pour que les productions continuent à être reconnues comme richesses, elle est prêtée à tout va en créant un nouvel esclavage, l’esclavage dans le temps qu’est la dette.
Les acteurs des déviations
Pour arriver à un tel imbroglio il a fallu que plusieurs corps s’agrègent pour que la propagande soit malheureusement convaincante.
Les banques créent la monnaie. Elles ont d’abord détourné le pouvoir régalien de battre monnaie puis l’ont confisqué aux Etats-Unis en 1913 par la création de la FED et en Europe par le traité de Maastricht et le passage à l’euro. Cœur du système, les banques l’ont créé et l’entraîneront dans leur chute. C’est la bête de la mer de l’Apocalypse « Et toute la terre était dans l'admiration derrière la bête ».
Les medias et leur propriétaire, la publicité, prennent au peuple la monnaie nécessaire à lui faire croire par le plaisir qu’il est possible d’être heureux sans vision. C’est la bête de la terre de l’Apocalypse, celle qui « faisait que la terre et ses habitants adoraient la première bête ». « Elle séduisait les habitants de la terre par les prodiges qu'il lui était donné d’opérer ».
Les multinationales et la science économique donnent au peuple de quoi survivre et payer la publicité. On a inventé la science économique qui a remplacé le bon sens par une logorrhée déguisée en mathématique et qui a délivré des diplômes sanctionnant les étudiants qui avaient répété sans comprendre tout ce qu’on leur avait embecqué. La science économique cherche sans succès à démontrer qu’il y a des solutions hors bon sens. Elle est la référence officielle nobélisée des deux erreurs sur l’augmentation de la richesse par l’augmentation de la production et par l’augmentation des échanges. La science économique a envahi les multinationales qui, déconnectées de la réalité ont besoin des banques pour cacher leurs pertes. Les multinationales font de la cavalerie entre elles pour dégager des bénéfices fictifs. Grâce au principe irréaliste de pérennité de la comptabilité, elles peuvent présenter en toute légalité, des passifs sous-évalués et des actifs surévalués.
La recherche et l’innovation. La recherche récupère de belles intelligences déboussolées et les met au service de qui la paye sans se préoccuper d’où vient l’argent, du vrai but recherché et des deuils que les innovations généreront. La recherche vit dans le cercle fermé « demain paiera et demain c’est l’innovation ».
Les politiques, pour ne pas faire trop travailler au présent les électeurs-consommateurs, veulent faire travailler le passé par l’augmentation de la ponction fiscale, faire travailler le futur par l’augmentation de la dette et faire travailler les autres par la balance commerciale excédentaire. Si la balance commerciale est déficitaire on fera travailler davantage le passé et le futur, c’est-à-dire les électeurs-consommateurs et leurs enfants. On part d’un pays de Cocagne illusoire où l’homme n’aurait plus à travailler mais la partie des peuples encore au travail vit de plus en plus mal de recevoir systématiquement sur la tête le marteau que leurs dirigeants ont envoyé en l’air pour que les électeurs ne se fatiguent pas.
Les spectateurs des déviations
Les peuples changent leurs dirigeants chaque fois qu’ils le peuvent et constatent que tout empire. Mais ils ont été formatés à croire à l’esclavage dans l’espace pour payer moins cher et à l’esclavage dans le temps pour ne même plus se poser la question du « Qui paye ? ». On les a même formatés à limiter dans leur tête l’esclavage au vilain esclavage des gentils noirs par les méchants blancs.
Les intellectuels sont en voie de disparition. Les derniers spécimens comme Michel Onfray disent « Le bateau coule, mourez debout ». D’autres comme Jacques Attali se réfugient dans la logorrhée en fondant tout sur le marché, la démocratie et l’initiative personnelle. Mais comme le marché dit que l’homme ne vaut plus rien alors que la démocratie dit rigoureusement l’inverse, le message « intellectuel » traduit en français n’est que « Débrouille-toi entre moins l’infini et plus l’infini ».
Les Églises par une absence d’analyse incroyable, se sont auto réduites au monde des Bisounours sans vision, sauf une partie de l’Islam qui, sur une lecture littérale du Coran soigneusement éludée, enflamme encore.
III Les axes de solutions
Non par calcul mais par simple sédimentation des médiocrités dans une société sans vision, nous avons construit une société monstrueuse et totalement instable où tout est fondé sur l’esclavage dans l’espace qu’est le mondialisme et sur l’esclavage dans le temps qu’est la dette. Nous assistons même à la querelle désolante bien que de bonne foi entre ceux qui comme l’Union Européenne veulent plus de mondialisation et moins de dettes, et ceux qui comme Mélenchon & Co, veulent plus de dettes et moins de mondialisation.
Il nous faut pourtant répondre à la question dramatique à laquelle nous sommes chaque jour davantage confrontés et qui est de savoir s’il y a un autre moyen que la guerre pour nous remettre les yeux en face des trous. Y répondre positivement est le devoir des générations actuelles.
La direction pourrait être celle-ci :
1 – Expliquer ce qui se passe à un peuple perdu, anesthésié et étourdi pour lui redonner une vision, le réveiller et le dégourdir. Redonner leurs places à la coopération face à la concurrence, aux devoirs face aux droits, au travail face à la dette, à la fraternité face à la solidarité, à la rigueur face au laxisme, au réalisme face au rêve.
2 – Retrouver notre souveraineté pour pouvoir agir.
3 – Ne pas importer plus que ce que nous exportons et fabriquer en France, même plus cher, ce que nous importons sans être capable de le payer. C’est l’esprit de la charte de La Havane et de l’Organisation Internationale du Commerce, mère de la parricide Organisation Mondiale du Commerce. (https://fr.wikipedia.org/wiki/Charte_de_La_Havane )
Donner par ces décisions conformes à l’O.I.C. mais opposées à l’U.E. et à l’O.M.C., du travail à tous les nationaux qui en demandent, par la création d’entreprises de production à capital mixte public-privé.
4 – Une fois les Français au travail, rééquilibrer petit à petit pour faire payer par le présent ce qui est consommé au présent en renonçant à faire payer le passé par l’impôt et le futur par la dette. Là est évidemment le plus gros problème mais qui ne pourra être abordé que si les trois premiers points sont réalisés.
Marc Dugois / août 2016 / www.surlasociete.com
Les trois veaux d'or
Chacun sent bien que l’explosion se rapproche et que les efforts déployés par la classe dirigeante pour nous rassurer et nous endormir sont de plus en plus inefficaces.
L’absence totale actuelle de vision d’un futur compréhensible rappelle l’histoire des Hébreux dans le désert lorsque Moïse était parti sur le Sinaï et que le peuple désespérait de le voir revenir.
Le peuple, voyant que Moïse tardait à descendre de la montagne, s’assembla autour d’Aaron, et lui dit : « Allons ! Fais-nous un dieu qui marche devant nous, car ce Moïse, cet homme qui nous a fait sortir du pays d’Égypte, nous ne savons pas ce qu’il est devenu »…. Et tous ôtèrent les anneaux d’or qui étaient à leurs oreilles, et ils les apportèrent à Aaron. Il les reçut de leurs mains, jeta l’or dans un moule, et fabriqua un veau en or. Et ils dirent : « Israël ! Voici ton dieu, qui t’a fait sortir du pays d’Égypte ». (Ex 32,1-4)
Deux remarques jaillissent de ce passage de la Bible.
La première est que lorsqu’un peuple n’a plus de vision, plus de perspective, il s’invente une idole à qui il attribue les pouvoirs des disparus qu’il a aimés. Au début du paragraphe c’est Moïse qui les a fait sortir d’Égypte, quelques lignes plus loin, c’est le veau d’or. Le peuple sans perspective attend tout de son idole puisque c’est son idole qui a déjà tout fait.
La seconde est que l’idole coute très cher et que, pour se rassurer, un peuple sans vision achète à grand prix l’idole à laquelle il se confie. Tout leur or y passe. Le « faire croire » coûte toujours très cher et toutes les idoles appauvrissent.
Aujourd’hui nous sommes comme les Hébreux dans le désert, sans visions, sans perspectives avec une classe dirigeante parfaitement conforme à notre médiocrité perdue. Avec elle nous avons créé trois idoles que nous alimentons de notre or en espérant d’elles un futur radieux qu’elles ne nous donneront évidemment jamais.
La première idole est la croissance que nous nous présentons comme une création de richesses à nous partager alors qu’elle n’est que l’augmentation de notre dépense que les économistes appellent consommation ou investissement selon leur désir de jouissance immédiate ou de jouissance différée. A la question « Comment dépenser plus quand on n’a pas d’argent ? », cette idole répond « Emprunte » car elle ne sait pas que l’argent n’est que de l’énergie humaine stockée qui ne peut se multiplier que par la procréation et le travail utile. Mais comme nous suivons notre idole, cela nous coûte très cher.
La deuxième idole est la démocratie que nous nous présentons comme le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple alors qu’elle n’est que l’achat fort couteux par les Puissants de l’affect du peuple. Les Puissants se sont toujours cooptés entre eux. Ils se sont longtemps servis de Dieu pour se maintenir au pouvoir et ont maintenant fabriqué leur idole en faisant croire que l’avis majoritaire de la foule définit l’intelligence. Mais la réalité est que l’avis majoritaire de la foule donne le pogrom, la ruée et le lynchage et qu’il faut donc beaucoup d’argent pour faire croire à l’idole qu’ils appellent suffrage universel. Ils s’en octroient beaucoup mais n’en ont jamais assez et ont toujours besoin d’un « Urba » ou d’un « Bygmalion » pour toujours mieux acheter l’affect du peuple. A la question « Comment vérifier la liberté, la compétence et l’engagement des votants, bases indispensables de leur responsabilité et donc de l’intérêt de leur avis ? », cette idole répond « Tais-toi et vote, il est très vilain de s’abstenir ou de ne pas s’inscrire » car elle sait que ce système est le seul qui permet aux Puissants de garder un pouvoir dont ils ne savent que faire. En suivant cette idole cela nous coûte très cher.
Mais ces deux premières idoles s’effondreraient d’elles-mêmes si la troisième idole, la formation, n’était pas la plus idolâtrée. Il est d’ailleurs à la mode de la voir « tout au long de la vie ». Il s’agit en fait de formatage pour tenter sans aucun espoir de fabriquer des « agents économiques performants », sujets respectueux de la croissance et de la démocratie, à qui l’on va faire croire que ce qu’on leur raconte va les aider à s’intégrer à un monde incompréhensible et donc évidemment incompris. Tout ce qu’on leur apprend à grand frais n’est quasiment jamais filtré par l’expérience et les malheureux sortent chaque année de nos universités par fournées entières de plus en plus importantes avec la conviction qu’ils sont prêts pour être reconnus alors qu’ils vont enfin découvrir l’expérience que ce qu’ils ont appris ne leur sert à rien et qu’ils vont devoir s’humilier en acceptant d’être livreur de pizzas, vendeurs de fringues ou gardiennes d’oies. Subir le système ou en devenir complice va rapidement devenir leur seul et abominable choix. A la question « Pourquoi l’instruction universelle ne se limite-t-elle pas à lire, écrire et compter ? », cette idole devrait répondre si elle était honnête « Il faut beaucoup de temps pour formater les jeunes à croire à la croissance et à la démocratie et ce temps leur est agréable car il leur en laisse beaucoup pour se distraire et s’évader ». Mais Dieu que cela coûte cher !
Dans la Bible Moïse réagit avec une extrême violence au veau d’or.
Et, comme il approchait du camp, il vit le veau et les danses (aujourd’hui les danses s’appellent le foot, la télé et la française des jeux). La colère de Moïse s’enflamma ; il jeta de ses mains les tables, et les brisa au pied de la montagne. Il prit le veau qu’ils avaient fait, et le brûla au feu ; il le réduisit en poudre, répandit cette poudre à la surface de l’eau, et fit boire les enfants d’Israël. (Ex 32,19-20)
Moïse se plaça à la porte du camp, et dit : A moi ceux qui sont pour l’Éternel ! Et tous les enfants de Lévi s’assemblèrent auprès de lui. Il leur dit : Ainsi parle l’Éternel, le Dieu d’Israël : Que chacun de vous mette son épée au côté ; traversez et parcourez le camp d’une porte à l’autre, et que chacun tue son frère, son parent. Les enfants de Lévi firent ce qu’ordonnait Moïse ; et environ trois mille hommes parmi le peuple périrent en cette journée. (Ex 32,26-28)
Le Coran raconte la même histoire du veau d’or mais Moussa (Moïse en arabe) réagit avec plus de douceur et convainc le peuple de se repentir.
Et nous que devons-nous faire ? Réagir comme Moïse ? Réagir comme Moussa ? Rester idolâtres de nos trois veaux d’or ? La réponse appartient à chacun et elle est loin d’être simple.
Publié le 6 août 2016 par Marc Dugois / www.surlasociete.com
Ce monde absurde
qui veut faire payer le futur...
Introduction
Devant les problèmes qui s’accumulent et les responsables qui ne savent visiblement plus s’ils doivent réfléchir, agir ou communiquer, la contagion de plus en plus pandémique de cette indécision génère partout une anxiété et une peur profonde de l’avenir, voire une paralysie annonciatrice d’explosion. Comprendre le problème puis le prendre par le bon bout est la seule chose à faire, mais comment ? De la même façon que personne n’a jamais su construire un mur sans avoir préalablement apporté des briques, des pierres ou quelqu’élément solide que ce soit, il est impossible de comprendre notre problème et de savoir par où l’aborder, sans avoir au préalable étudié les routines de notre quotidien qui nous paraissent des évidences et sur lesquelles nous ne savons plus porter un regard distant et critique. Dans une première partie nous aborderons les éléments fondamentaux de la construction sociale. Il faut le faire avec en tête et en permanence, le constat dérangeant que nous ne voyons déjà pas tous la même chose.
(téléchargez le fichier pdf de 22 pages pour lire l'analyse...)