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Travailler c'est œuvrer !

"Un laboureur dit : Parle-nous du travail. Et il répondit, disant :

Vous travaillez pour pouvoir aller au rythme de la terre et de l’âme de la terre, car être oisif c’est devenir étranger aux saisons, et s’écarter de la procession de la vie qui avance majestueusement et en fière soumission vers l’infini.

Lorsque vous travaillez, vous êtes une flûte à travers laquelle le murmure des heures se transforme en musique. Lequel de vous voudrait être un roseau, muet et silencieux, alors que tout chante à l’unisson ?

Toujours on vous a dit que le travail est une malédiction et le labeur une infortune. Mais je vous dis que lorsque vous travaillez vous accomplissez une part du rêve le plus lointain de la terre, qui vous fût assigné lorsque le rêve naquit.

En vous gardant unis au travail, en vérité, vous aimez la vie. Et aimer la vie à travers le travail, c’est être initié au plus intime secret de la vie.

Mais si dans votre douleur vous appelez la naissance une affliction et le poids de la chair une malédiction inscrite sur votre front, alors je réponds que seule la sueur de votre front lavera ce qui est inscrit.

On vous a dit aussi que la vie est obscurité, et dans votre fatigue vous répétez ce que disent les las.

Et je vous dis que la vie est réellement obscurité sauf là où il y a élan !

Et tout élan est aveugle sauf là où il y a savoir !

Et tout savoir est vain sauf là où il y a travail !

Et tout travail est vide sauf là où il y a amour, donc humour aussi !

Et lorsque vous travaillez avec amour vous vous liez à vous-même, et l’un à l’autre, et à Dieu !

Et qu’est-ce que travailler avec amour ?

C’est tisser l’étoffe avec des fils tirés de votre cœur, comme si votre bien-aimé devait porter cette étoffe.

C’est bâtir une maison avec affection, comme si votre bien-aimé devait demeurer en cette maison.

C’est semer des grains avec tendresse et récolter la moisson avec joie, comme si votre bien-aimé devait en manger le fruit.

C’est mettre en toute chose que vous façonnez un souffle de votre propre esprit.

Et savoir que tous les morts bienheureux se tiennent auprès de vous et veillent.

Souvent je vous ai entendu dire, comme si vous parliez dans votre sommeil, « Celui qui travail le marbre, et qui trouve la forme de son âme dans la pierre, est plus noble que celui qui laboure le sol.

Et celui qui saisit l’arc-en-ciel et l’étend sur la toile de la ressemblance de l’homme, est plus grand que celui qui fait des sandales pour nos pieds. »

Mais moi je dis, non pas en sommeil, mais dans le plein éveil du milieu du jour, que le vent ne parle pas plus doucement au chêne géant qu’au plus infime de tous les brins d’herbe, et celui-là seul est grand qui transforme la voix du vent en un chant rendu plus doux par son propre amour.

Le travail est l’amour rendu visible.

Et si vous ne pouvez travailler avec amour mais seulement avec dégoût, il vaut mieux abandonner votre travail et vous asseoir à la porte du temple et recevoir l’aumône de ceux qui œuvrent dans la joie.

Car si vous faites le pain avec indifférence, vous faites un pain amer qui n’apaise qu’à moitié la faim de l’homme.

Et si vous pressez le raisin de mauvaise grâce, votre regret distille un poison dans le vin.

Et si même vous chantez comme les anges et n’aimez pas le chant, vous fermez les oreilles de l’homme aux voix du jour et aux voix de la nuit."


Oui, quand on fait ce que l'on aime et puis, quoi que l'on fasse, si on le fait en Pleine Conscience, on œuvre dans l'instant présent. Et sa change TOUT !

Bon voyage avec le Prophète de Khalil Gibran.